Cette étude soutenue par le National Heart, Lung and Blood Institute (NHLBI/NIH) établit un lien intéressant entre un traitement du psoriasis et le traitement de la maladie de l'artère, l’athérosclérose. Les chercheurs montrent, dans la revue Cardiovascular Research, que le traitement par immunothérapie du psoriasis peut réduire l'accumulation précoce de plaque d’athérome, qui peut aller jusqu’à obstruer les artères, limiter le flux sanguin et provoquer la crise cardiaque ou l’AVC.
Le psoriasis est une maladie inflammatoire chronique de la peau, traitée au moyen de médicaments biologiques qui ciblent l'activité du système immunitaire. Cette maladie cutanée courante affecte 3 à 5% de la population et est associée à une inflammation systémique accrue, qui augmente le risque de maladie des vaisseaux sanguins et de diabète. L'inflammation se produit lorsque le mécanisme défensif de l'organisme s'active pour parer à l'infection ou à la maladie, mais ce mécanisme peut se retourner contre lui-même lorsqu'il est déclenché, par exemple, par un excès de lipoprotéines de basse densité (LDL) qui s'infiltrent dans la paroi des artères. La réponse inflammatoire peut alors induire la formation de caillots qui bloquent les artères et peuvent entraîner une crise cardiaque et un accident vasculaire cérébral. La crise cardiaque est généralement causée par l'un des 5 facteurs de risque suivants : le diabète, l’hypertension, un taux de cholestérol élevé, des antécédents familiaux ou le tabagisme. Cette étude présente la preuve de l’existence d’un 6è facteur, l'inflammation, essentiel au développement et à la progression de l'athérosclérose en crise cardiaque. Ses résultats mettent finalement en évidence le rôle que pourraient jouer les immunothérapies utilisées pour traiter les affections inflammatoires dans la réduction des risques de maladies cardiovasculaires.
Les chercheurs présentent ici les premières preuves chez l'homme que le traitement par thérapie biologique du psoriasis est associé à une réduction de la coronaropathie. Il s’agit de l’analyse des données de la cohorte NIH du psoriasis, la NIH Psoriasis Atherosclerosis Cardiometabolic Initiative cohort portant sur 290 patients atteints de psoriasis, dont 121 souffraient d’une maladie modérée à sévère et suivaient le traitement biologique. Ces patients, présentant tous un risque cardiovasculaire faible, ont été suivis durant 1 an, et comparés à des patients atteints ne prenant pas l’immunothérapie. L’analyse montre que :
- la thérapie biologique est associée à une réduction de 8% de la plaque coronarienne ;
- les sous-composants de la plaque coronaire ont évolué en un an, y compris le noyau nécrotique et les composants non calcifiés, responsables de la plupart des crises cardiaques.
De précédentes recherches avaient établi un lien entre le psoriasis et le développement prématuré de la plaque coronaire. Cette étude révèle des changements bénéfiques dans cette plaque lorsque le psoriasis est traité avec un traitement biologique, même sans modification des autres facteurs de risque cardiovasculaires tels que le cholestérol, le glucose et la pression artérielle.
Un effet anti-inflammatoire : c’est l’explication proposée par les auteurs, qui affirment qu'il faudra poursuivre les recherches pour vérifier si l'effet positif résulte bien du traitement de la maladie inflammatoire sous-jacente.
Source : Cardiovascular Research Feb, 2019 DOI: 10.1093/cvr/cvz009 Coronary Artery Plaque Characteristics and Treatment with Biologic Therapy in Severe Psoriasis: Results from a Prospective Observational Study (Visuel Nehal N. Mehta, M.D. Lab, NHLBI)
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