Les gènes hérités jouent un rôle bien plus important dans le risque de mélanome qu’on ne le pensait jusque-là, conclut cette équipe de dermatologues et de généticiens de la Cleveland Clinic. L’analyse, publiée dans le Journal of the American Academy of Dermatology, conclut qu’1 patient sur 7 atteint d'un mélanome est génétiquement prédisposé à la maladie.
En d’autres termes, les antécédents familiaux pourraient constituer un facteur de risque plus important que l'exposition au soleil dans de nombreux cas, ce qui ne doit pas inciter à négliger ce facteur de risque, soulignent cependant les auteurs. Cependant, alors que « les gènes du cancer » ou les risques héréditaires sont plutôt évoqués pour des cancers comme le cancer du sein ou du côlon, la recherche sensibilise au poids de la génétique dans le risque de mélanome.
En pratique clinique, il reste rare que les médecins prescrivent des tests génétiques pour évaluer les facteurs de risque chez les patients ayant des antécédents familiaux de mélanome car,
selon les précédentes données épidémiologiques,seuls 2 à 2,5 % des cas de mélanome seraient génétiques.
Ce faible taux a également et jusque-là incité les compagnies d’assurance à ne pas couvrir ces tests , généralement proposés pour les cancers pour lesquels le risque génétique est bien reconnu comme supérieur au seuil de 5 %.
Le risque génétique de mélanome dépasse largement ce seuil de 5 %
L’étude, menée auprès des patients diagnostiqués de mélanome à la Cleveland Clinic, suggère que le mélanome dépasse en effet largement ce seuil. L’analyse estime que :
- jusqu'à 15 % soit 1 patients sur 7 recevant un diagnostic de mélanome est porteur de mutations dans les gènes de susceptibilité au cancer ;
- l’analyse complémentaire de bases de données internationales de patients aboutit à des résultats similaires.
« Les cancers héréditaires peuvent faire des ravages dans les familles. Les tests génétiques nous permettent d'identifier, de dépister et même de traiter de manière proactive ces familles », explique l’auteur principal, le Dr Arbesman, directeur du laboratoire de biologie du cancer au Cleveland Clinic Lerner Research Institute.
« Nous appelons les médecins mais également les assurances Santé à élargir leurs critères lorsqu'il s'agit de proposer des tests génétiques aux personnes ayant des antécédents familiaux de mélanome, car la prédisposition héréditaire à ce cancer n'est pas aussi rare qu'on le pense ».
Il existe donc des facteurs de risque autres que l’exposition au soleil qui peuvent influer sur le risque de mélanome. L’équipe poursuit ses recherches, en se concentrant sur de nombreux gènes révélés lors des tests génétiques, afin de mieux comprendre le développement du mélanome.
Certains patients qui présentent des mutations héréditaires pourraient bénéficier davantage de l'immunothérapie que d’autres, non-porteurs.
Source: Journal of the American Academy of Dermatology 19 March, 2024 DOI: 10.1016/j.jaad.2023.11.070 Germline cancer susceptibility in individuals with melanoma
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