Prendre soin de sa peau peut aussi permettre de mieux protéger tout son organisme de l’exposition aux substances chimiques toxiques de notre environnement, mais l’hérédité reste une composante majeure de l’efficacité de la barrière cutanée. C’est la démonstration de cette équipe du Karolinska Institutet qui révèle une relation dose-réponse inverse entre l’intégrité héritée de la barrière cutanée et l’absorption plus rapide de substances chimiques toxiques de l'environnement. Ces travaux, présentés dans la revue Environmental Health Perspectives, suggèrent que certaines personnes ne sont pas protégées par les doses admissibles d’exposition actuelles.
Chacun d’entre nous est continuellement exposé à des substances chimiques provenant de nombreuses sources, des aliments, des produits d'hygiène, des cosmétiques ou encore des textiles. De nombreuses personnes sont également exposées à des produits chimiques sur leur lieu de travail.
L’auteur principal, Karin Broberg, professeur de médecine environnementale au Karolinska Institutet rappelle, avec cette étude, que nous héritons en grande partie de notre capacité de protection cutanée contre les produits chimiques de notre environnement. Ainsi, certaines personnes sont moins bien protégées et encourent un risque accru d'être atteint d'une maladie de la peau ou d'un cancer. Cette étude précise la corrélation entre le taux d'absorption des produits chimiques courants et l’efficacité « génétique » de la barrière cutanée.
La filaggrine, une protéine clé dans cette protection cutanée
La filagrine a déjà été documentée comme essentielle pour la structure et l'équilibre de l'hydratation de la peau, des propriétés qui affectent la capacité de la peau à fonctionner efficacement comme une barrière contre les produits chimiques. Des recherches antérieures ont indiqué que certaines variations héritées de séquences d'ADN de la filaggrine vont induire chez les personnes porteuses de ces variantes une barrière cutanée moins efficace et moins protectrice, qui en d’autres termes va permettre une absorption accrue des produits chimiques. Une absorption accrue qui implique une augmentation du risque de cancer ou de diverses maladies de la peau-dont la dermatite de contact.
Une variation génétique relativement courante, qui survient chez une personne lorsque l'un des parents porte la prédisposition génétique en question touche environ 10% de la population dans le nord de l'Europe (dont la Suède, lieu de l’étude). L’équipe de Stockholm montre ici que cette variation génétique conduit à une absorption considérablement plus rapide de 3 produits chimiques courants à travers la peau.
L’étude a suivi 500 participants dont 23 porteurs de la mutation qui cause un déficit en filaggrine, 31 exempts de cette mutation. Les participants à l'étude ont été exposés à une dose inoffensive de 3 produits chimiques (un pesticide, un filtre UV et un hydrocarbure) sur leur peau pendant 4 heures. Les chercheurs ont calculé la vitesse d'absorption et la dose diffusée dans le corps à l'aide d'échantillons d'urine prélevés sur les participants sur une période de 48 heures. Cette analyse constate :
- une dose de pesticide 2 fois plus élevée chez les personnes porteuses de la mutation ;
Ce résultat suggère que certaines personnes ne sont pas protégées par les limites d’exposition actuelles.
« Nous prévoyons d'étudier si la mutation affecte l'absorption d'autres produits chimiques dans la peau. Nous voulons également comprendre comment ces mutations conduisent à différentes maladies causées par l’exposition à certains composés chimiques ».
Source: Environmental Health Perspectives 13 January 2021 DOI : 10.1289/EHP7310 Filaggrin polymorphisms and the uptake of chemicals through the skin – a human experimental study (In Press) via Eurekalert (AAAS) 13-Jan-2021 Weaker skin barrier leads to faster uptake of chemicals
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